En librairie le 2 avril prochain.
Dorothy « Dotty » Parker fut l’une des critiques, poètes et scénaristes les plus sympathiques des Etats-Unis. Dans les années 20, alors que la Prohibition et le grand banditisme sont à leur apogée, le monde de la culture a pris l’habitude de se rassembler à l’Algonquin lors de leurs désormais célèbres Tables Rondes. Discussions philosophiques, débats sur les talents des uns et des autres, concurrence loyale ou non entre critiques, …, ces réunions sont toujours l’occasion pour Dotty et son compère Benchley de faire preuve d’esprit et de s’illustrer par leur sens de l’à propos. Pour autant, tout bascule le jour où un cadavre est trouvé sous la table de leur fameuse table ronde… difficile alors de garder son sens de la répartie, d’autant plus qu’un inspecteur particulièrement dévoué (mais pas très curieux ni imaginatif) se persuade que le coupable est l’un des membres de ce petit cercle d’intellectuels new yorkais. De quoi compliquer encore la vie de la jeune femme, qui s’escrime à occulter sa vie personnelle envers et contre tout et avoue volontiers un penchant pour les beaux jeunes hommes qu’elle croise. Une effronterie qui cache une réelle souffrance pour cette intellectuelle qui pourtant suscite l’admiration.
Dorothy est à cette époque une poétesse qui tente de se faire un nom. Si elle est connue pour certaines créations (et pas celles dont elle est la plus fière), elle est aussi connue pour se mettre régulièrement dans des situations improbables ; cette fois, elle se retrouve au cœur d’une affaire de meurtre par un étrange concours de circonstances. Si cela l’amuse dans un premier temps, le danger devient vite réel et elle hésite même à sortir seule son chien. Heureusement qu’elle peut compter sur certains amis et certaines relations bien improbables parfois : ses traits d’esprits (souvent acérés il faut le souligner) lui attirent des inimitiés profondes mais aussi de liens d’amitié forts, renforcés par une admiration réelle pour ce petit bout de femme impertinent, intrépide et politiquement incorrect.
C’est d’ailleurs délectable pour le lecteur ! Un véritable régal de mots d’esprits, de répliques drôles et acérées, de situations abracadabrantes mettant en scène des personnages réels et de fictions, et une enquête à la Agatha Christie : le cocktail fonctionne très bien. On pénètre les salons littéraires et l’impitoyable monde de la critique culturelle sur les pas de l’une de ses figures, on rencontre les bandits les plus célèbres, les artistes les plus connus, des personnages de fiction plus vrais que nature, des stéréotypes de méchants et de beaux monsieurs distingués, des estaminets infréquentables, des bars clandestins fréquentés par une population bigarrée et qui brille par sa diversité, .. Bref, on s’y croit et on adore ça !
L’intrigue, qui est un peu oubliée par moment tellement son développement et la qualité de son écriture, est bien menée, prenante et parfaitement insérée dans ce décor admirablement dépeint. Si elle n’en est donc pas, pour moi, le principal attrait, elle fournit à J. J Murphy le prétexte idéal pour se démarquer par sa belle plume. On saluera aussi le travail de traduction, puisque les formules idiomatiques et les jeux de mots – qui font tout l’attrait de ce roman policier – sont parfaitement rendus / restitués / traduits : Hélène Collon, nous nous inclinons bien bas devant votre talent de traductrice et l’intelligence avec laquelle vous nous offrez cette traduction si décoiffante !
Bref, une réussite incontestable qui sera en librairie le 2 avril prochain que je vous engage vivement à vous procurer alors que les beaux jours reviennent : nul doute que vous serez incroyablement craquant(e) en terrasse avec le sourire aux lèvres en lisant les bons mots de Dorothy !
